Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/70

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les hommes de génie, les deux premières voulant réformer le monde, la troisième ne voulant dominer que l’esprit français.

Le premier ami de madame de Girardin fut Lamartine ; mais elle n’aima qu’Apollon.


Vous avez la splendeur des astres et des roses ;
Ce que dit votre bouche étincelle en vos yeux,



ainsi lui parlait Victor Hugo ; mais tous les poètes contemporains ne lui ont-ils pas ainsi parlé : Lamartine, Méry et Théo ? C’est qu’elle avait la beauté et le charme. C’est qu’elle était la poésie en action. Mais tout mourut avec elle quand Émile de Girardin eut mis une pierre sur son tombeau. Ce fut le ci-gît de la femme et de l’œuvre ; c’est vainement qu’on a tenté de faire survivre tout ce qu’elle a écrit en prose et en vers : temps perdu, esprit perdu, poésie perdue. Pourquoi ? C’est qu’on ne tient pas compte aux femmes de bien faire. C’est qu’on a beau s’appeler la dixième Muse, c’est qu’on a beau écrire des tragédies et des comé-