Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/80

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serait le moins couronné à la distribution des prix ; mais, tout gamins encore, nous savions l’art de la guerre ; il ne nous manquait qu’une moustache et une épée. Nous avions beau mal faire, notre professeur, Paul Clippé, nous aimait bien et nous sauvegardait des foudres du proviseur. Ce fut, pour nous, un grand chagrin quand nous nous séparâmes. Je ne fus qu’un instant soldat, tandis que d’Atrepigny s’engagea dans les hussards pour y jouer sérieusement le soldat. À chacune de ses promotions, nous nous sommes revus gaiement au bruit des bouchons du vin de Champagne. D’Atrepigny avait été surnommé le Diable-à-Quatre, au collège. Il garda ce surnom. Mais ce fut surtout dans les joyeuses compagnies qu’il jouait le jeu du diable. Il fut brave en Algérie ; il fut brave à Sébastopol, où il mérita les galons de colonel. Il les mérita plutôt deux fois qu’une. Mais ce ne sont pas les hauts faits de son épée que je veux rappeler. C’est une histoire de sa vie intime.