Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Charivari jugea qu’il fallait que je fusse bien bête pour oser écrire une ligne dans le grand salon où l’on voyait encore le trône idéal de l’esprit humain.

Oui, j’osai être assez bête pour cela. J’osai même y écrire un livre qui fit du bruit : Le Roi Voltaire, et le succès du livre me donna raison.

Louis-Philippe, qui aimait beaucoup Voltaire, fut surpris, un soir, de voir en passant l’appartement de Voltaire tout illuminé comme pour une fête.

— Qui donc habite là ? demanda le roi-citoyen.

— Un chasseur de rimes, répondit Antoine de la Tour, secrétaire des commandements du duc de Montpensier.

Quelques jours après, je rencontrai Antoine de la Tour, ce poète de cour. Il me demanda si je serais content de voisiner avec le roi sans passer par la solennité des audiences.

— Je serai très heureux de saluer le roi-citoyen, répondis-je.