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LABRADOR ET ANTICOSTI

sement, durant l’hiver, pour la coupe du bois ; et, pendant l’été, un nombre presque égal travaillent à la scierie, qui reçoit sa force motrice d’une petite rivière descendant des coteaux voisins.

Dans cette localité ouvrière, il n’y a pas de question sociale, ce qui veut dire que les principes chrétiens président aux relations qui existent entre les patrons et leurs employés. On nous parle, par exemple, d’un ouvrier malade depuis assez longtemps, à qui les MM. Gagnon paient $4 par semaine. Ce fait en dit long sur l’esprit de charité qui anime ces messieurs.

Toutes les maisons du village, à l’exception de quatre, appartiennent à la société Gagnon et Frère. Quand il s’établit une nouvelle famille d’ouvriers, on lui fournit une maison « logeable » ; s’il veut y faire des « divisions », il reçoit gratuitement le bois nécessaire.

Quand on commença l’établissement, il y a douze ans, deux familles sauvages résidaient ici. Ce nombre n’a guère augmenté depuis cette époque.

Le premier missionnaire qui résida à Pentecôte fut l’abbé A.-B. Côté. Ce fut lui qui présida à la construction de l’église. Après un séjour de deux ans à ce poste, M. Côté eut pour successeur, en 1888, le missionnaire actuel, M. l’abbé P. Lemay, du diocèse de Québec. En ce temps-là, le district desservi par le missionnaire de Pentecôte s’étendait depuis la rivière Manicouagan jusqu’au cap Cormoran, ce qui faisait une longueur de trente-cinq lieues. En 1893, Mgr  l’évêque de Chicoutimi a détaché de ce territoire la partie orientale, depuis la rivière Sainte-Marguerite jusqu’au cap Cormoran, et l’a confiée à un nouveau missionnaire, qui fut placé aux Sept-Isles. Il reste encore à M. Lemay une desserte assez considérable pour alimenter pleinement son zèle apostolique. Les communications, si difficiles entre ces différentes missions, rendent bien pénible le ministère qu’il y exerce. L’hiver, la visite des chantiers de bois apporte un surcroît de fatigues au missionnaire. Heureusement, M. Lemay a le pied agile, comme il a l’âme intrépide, et, lorsque les circonstances l’empêchent de voyager au moyen