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LABRADOR ET ANTICOSTI

d’héritiers ou ayants droit, résidant en Europe, qui paraissent ne s’être préoccupés de leur Île que pour en interdire l’accès, en vue de la conservation des forêts et de la protection des animaux à fourrure, plutôt que pour la mettre en valeur et en favoriser le peuplement. En 1884, elle fut adjugée, en vente publique, sur licitation, par ordre de la Cour de Québec… L’adjudicataire d’Anticosti en fit l’apport, deux ans plus tard, au prix de £200, 000, payable en actions, à une Compagnie anglaise « The Governor and Company of the Island of Anticosti Limited », au capital de £300, 000, qui s’était constituée pour l’acquérir et en entreprendre l’exploitation ; mais, les souscriptions ayant fait presque complètement défaut, la Compagnie ne tarda pas, faute de fonds, à suspendre ses opérations et à être mise en liquidation[1]. »

Le 8 décembre 1894, le liquidateur de la Compagnie anglaise vendit l’île à un Français, M. Jules Despecher, de Paris, sous bénéfice d’inventaire, comme nous le verrons plus loin.

* * *

« Je ne désire pas fatiguer votre attention par des chiffres ou des statistiques officielles, disait M. J.-U. Gregory, chef de bureau du ministère de la Marine à Québec, dans une conférence[2] qu’il donnait, en mars 1881, devant la Société littéraire et historique de Québec ; aussi, je vais simplement essayer de vous décrire l’île telle que je l’ai vue en différentes circonstances.

« L’île d’Anticosti peut être appelée le cœur du golfe Saint-Laurent. Toutes les variétés de poissons, depuis la baleine monstrueuse jusqu’au caplan minuscule, semblent s’y être donné rendez-vous ; les rivières abondent en saumons et en truites.

  1. Notice sur l’île d’Anticosti, J. Despecher. Mai 1895.
  2. M. Gregory a publié cette conférence, « l’Île d’Anticosti et ses naufrages », dans son volume En racontant, Imprimé à Québec en 1886.