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MINGAN — POINTE-AUX-ESQUIMAUX

donne bien durant quatre ans environ, et que, à cette période d’abondance relative, succèdent une ou deux années de disette. Ce phénomène est évidemment plus facile à constater qu’à expliquer.

On estime à $80,000, à peu près, la valeur des fourrures qui arrivent à la Côte, chaque année, depuis Bersimis jusqu’au détroit de Belle-Isle, fourrures consistant en peaux d’ours, de castor, de loutre et de martre.

C’est la fameuse Compagnie de la baie d’Hudson qui fait en très grande partie la traite des pelleteries sur la côte du Labrador. Elle y possède sept postes, à divers endroits ; le plus éloigné est celui de Saint-Augustin, dans le détroit même de Belle-Isle. On expédie à Londres toutes les fourrures réunies par les agents de la Compagnie.

Comme on le sait, la Compagnie de la baie d’Hudson fut fondée en 1672 ; presque toute la partie septentrionale du continent américain était son domaine d’exploitation. De nos jours, c’est la plus puissante compagnie anglaise qui existe. Elle possède un poste à Mingan depuis un siècle et demi. À cause de certaines difficultés qu’elle eut avec la seigneurie de Mingan, elle s’était établie d’abord sur l’île du Havre, la plus grande des îles qui ferment le port de Mingan, et qui est encore la propriété de la Compagnie. Parmi les constructions du Poste, la plus grande est un store en bois, qui, malgré son âge avancé de 110 ans, est encore utilisé.

Le havre de Mingan est le meilleur de toute la côte, paraît-il, grâce aux îles qui l’abritent contre tous les vents. Il y a ainsi une suite d’îles en descendant jusqu’à la Pointe-aux-Esquimaux ; et, l’hiver, toute la partie du fleuve comprise entre ces îles et la terre ferme se prend en glace continue, ce qui facilite grandement, à cette époque de l’année, les voyages que l’on peut avoir à faire.

Nous en avons fini ici avec le granit laurentien. C’est la pierre à chaux qui règne en ces lieux, à terre comme sur les îles. Le sable, qui recouvre cette roche, produit bien l’avoine,