Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
POINTE-AUX-ESQUIMAUX


« Le 27 ou 28 mai 1857, Firmin Boudreau, propriétaire de la goélette Mariner, quitta les îles de la Madeleine, et fit voile pour la côte du Labrador à la recherche d’un endroit favorable à un nouvel établissement, ayant à son bord les familles suivantes : Nathaël Boudreau (son fils), Benjamin Landry (son gendre), Louis Cormier, François Petit-Pas, Joseph Boudreau[1], et aussi son second fils Hippolyte, et Vital Boudreau, encore garçons tous les deux[2].

« Quelques jours après leur départ, ils abordèrent à la rivière Corneille, trois ou quatre milles à l’est de l’île Sainte-Geneviève. Après y avoir passé la nuit, ils levèrent l’ancre et dirigèrent leur course vers l’ouest jusqu’à Mingan, explorant les différents havres, sans en rencontrer aucun qui leur parût propice à la fondation d’un établissement.

« Arrivés à Mingan, ils envoyèrent une barge en exploration jusqu’à Sheldrake. Celle-ci revint vingt-quatre heures plus tard sans apporter de nouvelles satisfaisantes. Alors ils décidèrent de s’établir à Mingan et y débarquèrent leurs bestiaux. Mais l’agent de la Compagnie de la baie d’Hudson s’opposa à leur dessein. — Sur ces entrefaites, ils rencontrèrent le révérend Père Arnaud, ce saint missionnaire qui a usé ses forces et sa vie à desservir les restes de la tribu montagnaise disséminée le long de la Côte Nord. Il compatit dignement à leur inquiétude et à leur désappointement, et finit par leur faire entrevoir la possibilité d’un établissement assez avantageux à la Pointe-aux-Esquimaux (où il n’y avait encore personne, ni blanc, ni sauvage). Le capitaine LeMarquend, qui se trouvait là dans le même temps, et qui connaissait très bien la Côte, leur donna aussi le même avis.

« Profitant du bienveillant conseil qui venait de leur être

  1. « Ce Joseph Boudreau, avec ses fils et quelques fils Petit-Pas, alla habiter Washtawoka, en 1874. »
  2. Les MM. Boudreau, « encore garçons » en 1857, sont précisément ceux que j’ai interrogés sur le passé de la Pointe-aux-Esquimaux, ainsi que je l’ai dit plus haut. (A.)