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LABRADOR ET ANTICOSTI

brasseurs de venir ainsi s’offrir à leurs poursuites[1]. » Se non è vero… Et d’ailleurs si l’on n’est pas satisfait de cette explication, ni le droit naturel, ni le droit positif ne s’opposent à ce que l’on en recherche une autre.

Dans l’est du golfe Saint-Laurent on capture aussi le loup marin brasseur au rets ; mais cela se fait à la fin de l’automne. Certes, on ne prend pas la peine d’aller si loin de la Pointe-aux-Esquimaux, pour cette pêche dont le bénéfice est peu considérable.

* * *

Pour revenir à la flotte de la Pointe-aux-Esquimaux, on ne la met pas en hivernement après son retour du voyage au loup marin. Il faut au contraire reprendre bientôt la mer, cette fois pour courir sus à la morue.

C’est ordinairement dans la première quinzaine du mois de juin que les goélettes partent pour la morue. Elles parcourent les divers ports de la côte, jusqu’à ce qu’on trouve le poisson assez abondant quelque part pour qu’il paraisse avantageux de s’y arrêter pour pêcher. Les principales stations de pêche sont : Natashquan, Kégashka, la Romaine, la baie Wolf, les pointes Sainte-Marie, Harrington, Tête-à-la-Baleine, la baie des Moutons, les deux Mécatina, Saint-Augustin, Shecatica, Bonne-Espérance, etc. Quelquefois on descend jusqu’à Bradore et Blanc-Sablon, et même plus bas encore, lorsque la morue est très rare.

Les goélettes de 40 à 55 tonneaux ont un équipage de huit hommes et trois mousses d’une quinzaine d’années, et sont munies de trois barges ; quelquefois elles ont quatre barges, et dans ce cas elles emmènent deux hommes de plus. Les goélettes de 25 à 35 tonneaux portent six hommes et deux mousses, et n’ont que deux barges.

Ces petites embarcations sont très légères ; elles n’ont que dix-huit pieds de quille. Elles peuvent contenir jusqu’à cinq ou

  1. Naturaliste canadien, vol. I, p. 285.