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LABRADOR ET ANTICOSTI

Ici, comme à Piastrebai, il n’y a pas de local spécialement destiné à la population scolaire. Heureusement, malgré une lacune si déplorable, il y a jusqu’à deux écoles à Goynish.

Les missionnaires, dans leurs visites à Goynish, se sont toujours retirés, comme ils font aujourd’hui encore, chez M. J.-B. Rochette. Cependant il a fallu choisir une autre maison pour la célébration des offices religieux, depuis que la population s’est augmentée considérablement. Il ne faudrait pas pourtant de là conclure que l’endroit est fort peuplé. Sur le côté ouest, où nous sommes logés, il y a neuf familles ; et, de l’autre côté de la rivière, cinq familles sont établies. Cette séparation des habitants en deux groupes rend évidemment assez difficile la desserte de la mission, au moins durant l’été ; et, comme vraisemblablement ce ne sera pas de sitôt qu’un pont réunira les deux rives, on n’est pas près de voir les choses s’améliorer de ce chef. Surtout si le village du côté est s’accroît plus vite que l’autre et qu’ainsi la disproportion diminue entre les deux, à quels embarras n’aura-t-on pas à faire face, quand il s’agira de construire une église à Goynish ! Chacun des groupes voudra avoir l’édifice de son côté ! Quelle que soit la décision prise par l’autorité, il y aura peut-être des récalcitrants ; ils ne voudront peut-être prendre aucune part aux frais de construction ; ils refuseront peut-être, le diable s’en mêlant, de faire leur religion dans l’église du village rival ! Et comment cela finira-t-il ? Que de maux en perspective ! Vraiment, l’avenir est sombre… Mais comme à chaque jour suffit son mal et que ce n’est pas la peine de souffrir d’avance des malheurs futurs, je prie mon lecteur de ne pas se laisser ronger par les inquiétudes qu’il pourrait avoir à ce sujet, et d’espérer au contraire que tout s’arrangera fort bien, comme après tout il pourrait bien arriver que cela fût. Étudions plutôt la situation actuelle des braves gens de Goynish.

La pêche est leur unique occupation et leur seul moyen de subsistance, comme c’est à peu près le cas pour tous les habitants de la Côte Nord. Mais ici, l’endroit est bon pour le