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LABRADOR ET ANTICOSTI

fut enlevée. Ils en ont construit une autre à Musquarro, poste situé à une cinquantaine de railles à l’ouest d’Itamamiu, à trente milles seulement plus bas que Natashquan.

En outre, tous les deux ans, un missionnaire poursuit ses courses évangéliques au delà du Labrador canadien, et remonte la côte de l’Atlantique jusqu’à la grande baie d’Ungava (située à 900 lieues de Québec), où il rencontre les Esquimaux. À l’intérieur des terres sont les Naskapis, peuple de langue montagnaise, que le missionnaire voit à la baie des Esquimaux, à une centaine de lieues au-dessus du détroit de Belle-Isle.

Ce fut le P. Babel qui commença la série de ces voyages longs et pénibles.

En 1862, ses supérieurs l’avaient rappelé de la Côte Nord et envoyé à la Rivière-Désert, dans la Gatineau, où il avait eu à desservir une population composée de Canadiens, d’Irlandais et d’Algonquins. Mais quatre années plus tard, en 1866, l’archevêque de Québec exprima aux Oblats le désir qu’il avait de les voir entreprendre la conversion des Naskapis, sauvages encore infidèles ; et l’on fit revenir le P. Babel sur la Côte, pour lui confier l’exécution de cet important projet. — Écoutons-le nous raconter lui-même ses premiers voyages à l’intérieur du Labrador.

« Après avoir fait la mission à tous les sauvages du Labrador réunis à Mingan, je partis en canot avec deux sauvages, le 18 juillet (1866), pour prendre l’entrée de la rivière Saint-Jean que nous devions remonter. Je me proposais d’atteindre le poste de la Compagnie de la baie d’Hudson établi à Winaukupau, sur la grande rivière Hamilton qui se jette dans la baie des Esquimaux.

« Nous devions renouveler à ce poste nos provisions, et le matin même du jour où nous y arrivâmes nous avions dépensé ce qui nous restait de farine et de lard. Quel ne fut pas mon désappointement lorsque, en entrant dans la maison du poste, je la trouvai entièrement vide ! Commis et sauvages, tous étaient descendus à la baie des Esquimaux avec leurs pelleteries, pour en rapporter leurs effets d’hiver. Sans provisions, nous ne pou-