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LE DEVOIR DES GOUVERNEMENTS

Nous lui demanderons d’améliorer en une certaine mesure le service de la poste sur la Côte Nord. Durant la saison de navigation, tous les quinze jours un steamer part de Québec, et une goélette part de Gaspé, lesquels distribuent le courrier tout le long de la Côte jusqu’à Natashquan. Pour ce qui est de la goélette postale, elle ne sert qu’à l’échange de la correspondance entre la Gaspésie, l’Anticosti et la Côte Nord. Qu’on la supprime ! Et puis qu’il y ait, chaque semaine, un départ de steamer pour la Côte Nord et l’Anticosti ! Non seulement cela vaudra mieux pour les communications postales, mais le commerce en recevra une impulsion tout à fait heureuse. — Pendant l’hiver, le courrier part une fois le mois de Betsiamis pour Natashquan. Demandons, avec les instances les plus vives, qu’il en parte tous les quinze jours ! Et si nous parvenons à obtenir que ces voyages se fassent toutes les trois semaines, il faudra encore se réjouir de la bienveillance des bons ministres, qui n’accordent jamais qu’une partie de ce qu’on leur demande, accoutumés qu’ils sont de voir tant de gens qui réclament toujours le double de ce qu’il faudrait.

Une chose que l’on aime bien, sur la Côte Nord, c’est de posséder des licences ou permis de pêcher le saumon en des endroits choisis. Or, les gens de la Gaspésie ont tout à fait le même goût ; il leur arrive même de réussir à se faire donner de ces permis pour la Côte Nord. Cette sorte de pêche étant généralement fort lucrative, on comprend facilement que l’octroi d’une place de pêche est singulièrement estimé par tout le monde. Il n’y en a pas pour tous ceux qui en voudraient, il s’en faut bien. Il suit de là que s’il y a quelque chose qui exaspère nos Labradoriens, c’est de voir les Gaspésiens, qui ont déjà dans leur pays des places de pêche au saumon, s’en venir sur la Côte leur ôter le pain de la bouche, ou plus exactement le saumon des doigts ! S’il ne s’agit que de pêcher la morue, soit ! Venez, Labradoriens, Terre-Neuviens, Américains, Péruviens, Hindous, Hottentots, Patagons : il y a ici de la morue pour tout le monde, et il y en a toujours en quelque quantité que l’on