Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/456

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
438
LABRADOR ET ANTICOSTI

obtenait cinq lieues de côtes, de chaque côté de la grande rivière des Esquimaux, à laquelle il donna le nom de Saint-Paul, et qui est aujourd’hui appelée rivière aux Saumons.

« Dans les limites de la seigneurie du sieur de Saint-Paul, se trouvait renfermé l’ancien port de Brest. Le but des concessionnaires, tel qu’il est exprimé dans leurs demandes, était de faire « la pêche des molues, baleynes, loups marins, marsouins et autres ». Les héritiers des premiers acquéreurs continuèrent la même pêche, et dans un tableau des produits du Canada, pour l’année 1744, l’on trouve que plusieurs milliers de barriques d’huile avaient été en cette année exportés du Labrador.

« Sous le gouvernement britannique toutes ces pêcheries passèrent à des marchands anglais et écossais, qui employaient un certain nombre d’hommes pour faire la pêche et la chasse. Le chef de la dernière compagnie qui exploita ces postes fut le sieur Adam Lymburner, alors un des premiers marchands de Québec.

« Il y a quarante ans[1], l’on ne rencontrait pas sur la côte une seule femme d’origine européenne ; les six ou sept postes du Labrador ne renfermaient que des hommes, presque tous originaires de Berthier. Ceux-ci étaient célibataires ou avaient laissé leurs femmes dans leur paroisse natale. Plusieurs, après avoir réussi à faire des épargnes et à découvrir quelque lieu avantageux pour la chasse ou pour la pêche, s’y bâtirent des demeures et commencèrent à travailler pour leur propre compte ; la femme et les enfants venaient bientôt après occuper la maison et prendre part aux travaux du chef de la famille. Les premiers arrivés attirèrent quelques-uns de leurs parents ou de leurs amis ; et ainsi se sont établies une quarantaine de familles canadiennes, venues des environs de Québec[2]

  1. C’est-à-dire vers 1820. (A.)
  2. « En thèse générale, a écrit M. B. Suite (Courrier du Canada, 24 déc. 1895), je soutiens que les colons venus de France s’établirent sur la rive nord et que, par la suite, leurs enfants traversèrent le fleuve pour créer de nouvelles paroisses. » Eh bien, ce sont les descendants de ces gens-là, établis sur la rive sud, qui à leur tour ont traversé le fleuve en sens inverse, pour fonder les établissements de la côte nord du golfe. (A.)