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LABRADOR ET ANTICOSTI

L’instruction des enfants du peuple, à La Tabatière, n’a pas été beaucoup soignée jusqu’à présent. Elle aurait même été totalement négligée si les missionnaires du lieu ne s’étaient faits eux-mêmes maîtres d’école, quand cela leur a été possible. Dans l’hiver de 1894-95, il y avait bien cinq élèves qui suivaient les cours de littérature française, aussi élémentaires que possible, du collège de La Tabatière. Dans les petits postes voisins, il y a encore une douzaine d’élèves « honoraires » de cette institution scolaire ; mais comme il leur faudrait faire à pied des trajets de plusieurs milles pour venir étudier les « lettres », il ne faut pas être surpris s’ils se contentent de cultiver la langue parlée.

À deux milles plus bas que le centre religieux de la Mission, est la baie de La Tabatière, vis-à-vis laquelle, à quatre milles au large, est l’île du Gros-Mécatina dont il a été question plus haut. Naguère, les baleines fréquentaient cette partie du golfe ; mais il en vient beaucoup moins depuis quelque temps. Par contre, l’endroit est avantageux pour la pêche à la morue, et il jouit d’une véritable renommée pour la pêche du loup marin.

Cette pêche aux loups marins se fait avec des filets que l’on place dans les anses fréquentées par ces animaux. On dispose le filet de telle sorte qu’il forme un triangle complet, n’ayant qu’une ouverture dans l’un de ses côtés. Une fois entrés là-dedans, les phoques ne savent plus retrouver l’ouverture. Après avoir fait plusieurs fois le tour de leur prison, s’ils essaient à s’ouvrir un passage, ils se prennent la tête dans les mailles du filet, qui ont environ sept pouces de côté, et s’y noient, ne pouvant plus aller respirer à la surface de la mer. Et même, lorsqu’on juge que les prisonniers tardent trop à en venir à cette extrémité, il n’y a, pour précipiter les choses, qu’à tirer du fusil au-dessus du filet : alors, en effet, les phoques sont pris de panique et perdent la tête… qu’ils vont fourrer, en voulant fuir, dans les mailles du filet.

Par exemple, ce n’est pas avant que les phoques soient assez