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sommaire de nos informations sur ce point provient surtout de l’insuffisance philologique des documents ethnographiques. C’est de nuances d’idées qu’il s’agit ; or elles ne sont saisissables que pour des observateurs qui ont une connaissance parfaite des langues et nous ne pourrions les fixer qu’en les étudiant dans des traditions littéralement recueillies et traduites.

Il nous suffit d’ailleurs d’avoir constaté la grande extension, en Australie, de la notion d’un pouvoir spécial du magicien, pour devoir étudier l’origine de ce pouvoir. Les documents qui vont suivre montreront d’ailleurs que ce genre de représentations présente en Australie une véritable uniformité[1].

Il est très remarquable que la classification hindoue des diverses origines du pouvoir magique, s’applique à peu près à la lettre aux magies australiennes. On pourrait dire, avec les termes de Patañjali[2], qu’il provient de la naissance, de la connaissance des formules et des substances, de la révélation extatique.

II

LA NAISSANCE

Tandis que, dans de nombreuses sociétés d’un type plus élevé que les sociétés australiennes, les magiciens forment sinon une caste, du moins une corporation recrutée héréditairement, celles-ci ne contiennent qu’un si petit

  1. Voir plus bas, p. 14 et suiv.
  2. Yogasûtra, IV, 1, janmâuṣadhimantratapaḥ samâdhijñaḥ siddhayaḥ les « siddhi » (obtentions de pouvoirs magiques) proviennent de la naissance, des plantes, des formules, de l’ardeur ascétique et de l’extase. La division des magiciens Arunta en trois classes (Spencer et Gillen, N. T. p. 522), des magiciens Warramunga en deux classes, correspond partiellement à cette répartition, N. T. C., p. 481.