Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/10

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pièces de fer en forme de ventouse. Cette ventouse était remplie de poudre quand on y mettait le feu, cela faisait un bruit semblable à celui d’un tonnerre et s’entendait de cent ly (10 lieues). L’endroit où elle tombait se trouvait brûlé. Si ce feu atteignait les cuirasses de fer, il les perçait de part en part. Quand les Mongols se furent logés au pied de la muraille pour la saper, ils se tenaient à couvert dans des tanières creusées sous terre, et de dessus les murailles on ne pouvait leur nuire. Les assiégés, pour les déloger, attachaient ces ventouses à des chaînes de fer, et les faisaient descendre du haut des murailles. Quand elles parvenaient ou dans les fossés, ou dans les chambres souterraines, elles prenaient feu par une mèche et désolaient les assiégeants. Ces ventouses de fer et les hallebardes à poudre et volantes qu’on jetait étaient ce que les Mongols craignaient le plus[1]. » Les Occidentaux, transportés au fond de l’Asie, ne durent pas être moins frappés des bibliothèques des Chinois que de leur artillerie. Quel étonnement à la vue de ces livres imprimés avec tant de rapidité, de netteté et d’élégance, au moyen de planches en bois, sur un papier souple et soyeux ! La première édition des livres classiques pa-

  1. Je n’ai pas osé traduire par canon le terme pao. Il est joint au caractère ho, feu, et je ne sais pas bien si c’était un canon comme les nôtres. De même je n’oserais assurer que les boulets dont il est parlé se jetaient comme on fait aujourd’hui.
    Pour ce qui regarde les pièces de fer de ventouses, je n’ai aussi osé mettre le mot bombe. Il est certain que les Chinois ont l’usage de la poudre depuis plus de 1.600 ans, et jusqu’à ce temps-ci on ne voit pas trop l’usage qu’ils en faisaient dans les sièges. (Note du P. Gaubil.)