Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/105

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avec quelque succès. Le P. Ricci, qui s’était familiarisé avec la langue chinoise, les intéressait par ses entretiens, et ils étaient encore contraints d’avouer que ce diable occidental avait presque autant d’esprit qu’un Chinois.

Ces fréquentes visites donnaient peu à peu du renom aux hommes et aux choses de l’Europe. Les visiteurs se trouvaient par là plus disposés à prêter l’oreille aux instructions religieuses auxquelles les missionnaires tâchaient de ramener toujours la conversation. Ainsi se répandait la semence de la divine parole ; avec la grâce de Dieu, elle germa dans plus d’un cœur et porta des fruits de salut. Ce fut à la mission de Tchao-King que plusieurs mandarins, devenus grands dignitaires de l’empire, reçurent les premières notions du christianisme, qu’ils embrassèrent plus tard et pratiquèrent avec ferveur. Nous aurons occasion d’en parler plus d’une fois dans la suite de cette histoire. Quelques familles importantes de Tchao-King reçurent le baptême, et le nombre des néophytes se trouva enfin assez considérable pour qu’on pût organiser le culte catholique, et célébrer les saints offices publiquement et avec régularité.

À cette même époque, la mission de Tchao-King fut visitée par les ambassadeurs du royaume de Cochinchine, qui vont tous les trois ans à Péking apporter à l’empereur les hommages et le tribut de leur souverain. En s’en retournant dans leur pays, ils prirent avec eux plusieurs livres de doctrine chrétienne que le P. Ricci avait composés et fait imprimer en chinois. Les Annamites se servant des mêmes caractères, ils purent de la sorte s’initier aux principes du christianisme,