Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/11

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rut à la Chine en 958, cinq cents ans avant Guttenberg. Les missionnaires avaient sans doute été occupés plus d’une fois dans leurs couvents à fabriquer péniblement des copies de livres ; et les imprimeries chinoises, avec leurs procédés si simples, durent fixer leur attention d’une manière toute particulière. Les missionnaires trouvèrent encore en Chine les soieries, les porcelaines, les cartes à jouer, les lunettes et une foule d’autres produits des arts et de l’industrie ignorés en Europe. Ils en portèrent les notions en Occident, et dès lors, dit Abel Rémusat[1], on commença à compter pour quelque chose la plus belle, la plus peuplée et la plus anciennement civilisée des quatre parties du monde. On songea à étudier les arts, les croyances, les idiomes des peuples qui l’habitaient et il fut même question d’établir une chaire de langue tartare dans l’université de Paris. Le monde sembla s’ouvrir du côté de l’Orient ; la géographie fit un pas immense ; l’ardeur pour les découvertes devint la forme nouvelle que revêtit le caractère aventureux des Européens. L’idée d’un autre hémisphère cessa, quand le nôtre fut mieux connu, de se présenter à l’esprit comme un paradoxe dépourvu de toute vraisemblance ; et ce fut en allant à la recherche du Zipangou[2] de Marco-Polo que Christophe Colomb découvrit le nouveau monde.

L’usage de la boussole, l’imprimerie stéréotype, la gravure en bois, l’artillerie, ces précieuses découvertes étaient toutes à la disposition des Asiatiques longtemps

  1. Mélanges asiatiques, t. I. p. 411.
  2. Le Zipangou de Marco Polo est le Japon, que les Chinois nomment Je-Pan-Kouo, c’est-à-dire royaume de Je-Pan (Japon).