Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/111

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faveurs dont il avait été naguère entouré par le commissaire impérial, furent comme ces brûlants rayons de soleil qui d’ordinaire précèdent un instant les grands orages. Quelques jours s’étaient à peine écoulés, lorsque les magistrats de la ville de Tchao-King reçurent un édit du vice-roi, par lequel il leur était enjoint de chasser immédiatement les étrangers de la ville, et de les renvoyer dans leur pays avec soixante piastres d’indemnité pour la perte de leur maison. On leur accordait trois jours pour faire leurs préparatifs de départ. On notifia officiellement au P. Ricci une copie de cet édit, où on lisait le paragraphe suivant :

« Encore que Ly Ma-Teou (Matthieu Ricci) ne soit pas entré dans l’empire du Milieu à mauvaise intention, et qu’il n’ait rien commis contre les lois, comme le témoignent les informations, il est clair cependant qu’il ne devait pas abandonner ainsi son propre pays, attendu surtout qu’on peut vivre religieusement en tout lieu. Or il n’est nullement convenable que les étrangers séjournent longtemps en la ville présidiale du vice-roi. C’est pourquoi il ne saurait y avoir ni injustice ni abus en le renvoyant chez lui. Quant aux dépenses qu’il a dû faire pour construire des maisons, on ne peut nier que ce ne soit une somme notable d’argent. Mais puisque cet argent lui a été fourni à titre d’aumônes, il ne peut pas dire en droit qu’il soit à lui. J’ordonne, toutefois, qu’il lui soit délivré en tout soixante piastres, et qu’il soit ainsi renvoyé dans son pays. »

L’édit, comme on voit, était formel et très-peu bienveillant. On fit plusieurs tentatives, on essaya de tous