Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/114

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de conserver les dehors de la justice et de n’être pas accusé d’avoir volé la maison des étrangers. Il usa tour à tour de ruses, de cajoleries, de menaces et d’emportements. Mais le père Ricci, qui savait parfaitement son Chinois, se montra ferme et inébranlable. Il laissa tempêter Son Excellence, se contentant de refuser l’argent et de protester froidement contre son expulsion. Il consentit toutefois à faire des concessions, mais à la seule condition qu’on lui permettrait d’aller s’établir dans une autre ville de la province. On traita sur ces nouvelles bases, et l’affaire fut arrangée. Le P. Ricci reçut l’indemnité et en même temps l’autorisation officielle de transporter sa mission à Tchao-Tcheou, ville importante située sur les bords du fleuve Kin, un peu avant d’arriver aux frontières de la province de Kiang-Si.

Le sous-préfet de Tchao-Tcheou se trouvait alors à Tchao-King ; il fit connaissance avec les missionnaires et se chargea de les conduire lui-même jusqu’à la ville dont il avait l’administration. Après huit jours de navigation, en remontant le fleuve vers le nord, ils arrivèrent à un vaste port, où plusieurs officiers civils et militaires les attendaient. La ville de Tchao-Tcheou était un peu plus loin, mais on avait l’intention d’installer les missionnaires dans une grande et célèbre bonzerie, ou monastère de religieux bouddhistes, situé à peu de distance du rivage, au milieu d’une belle campagne. Le P. Ricci déclara qu’il n’entendait pas se fixer dans une bonzerie, mais bien dans la ville. Cependant, comme il avait souvent entendu vanter la bonzerie de Nan-Hoa (Fleur du Midi), il voulut aller la visiter.