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II.


Avant d’arriver à la ville de Tchao-Tcheou, on rencontre un magnifique paysage environné de collines aux formes les plus variées et les plus gracieuses ; les rizières et les belles cultures d’indigo, de sarrazin et de cannes à sucre sont perpétuellement arrosées par un abondant ruisseau, dont les eaux pures et transparentes parcourent en mille circuits cette riche et ravissante plaine. Les collines d’alentour sont ornées d’arbres toujours verts et chargés de fleurs et de fruits car cette contrée, favorisée d’une chaude température, n’a jamais à redouter les rigueurs de l’hiver. Le grenadier, l’oranger, le liki, le bananier et le papayer y produisent les fruits les plus beaux et les plus exquis. Ces grands massifs d’arbres fruitiers sont çà et là entremêlés de camélias, de lauriers roses et de plantations d’arbustes à thé, dont les blanches fleurs, assez semblables à celles du jasmin d’Espagne, exhalent un doux parfum. Le magnifique monastère de Nan-Hoa s’élève sur le versant de la principale colline, et domine la plaine entière, qui fait partie de ses propriétés. Aujourd’hui cette bonzerie est en quelque sorte déserte et tombe presque en ruine. Lorsque le père Ricci la visita, elle était très-florissante et renfermait plus de mille bonzes ou religieux bouddhistes. On prétend qu’elle fut fondée vers le huitième siècle de notre ère.

À cette époque, il y avait en ce lieu une sorte d’ermite célèbre par la sainteté de sa vie et les austérités