Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une grande célébrité car Kiu-Taï-Sse, à cause de sa réputation de savant, exerçait sur l’opinion publique une influence considérable. La mission de Tchao-Tcheou fut bientôt comme le rendez-vous des lettrés et des premiers fonctionnaires de la province.

Sur ces entrefaites, le P. d’Almeida mourut, et François de Petris obtint, en 1592, la permission d’aller le remplacer. Deux ans après, ce missionnaire mourut aussi, presque subitement, au moment où il pouvait déjà s’occuper avec fruit des travaux de la mission ; car sous la direction habile du P. Ricci il avait fait de rapides progrès dans l’étude de la langue chinoise.


III.


Après tant de fatigues et de tribulations, le P. Ricci se trouvait encore seul pour fonder cette œuvre qu’il voyait de plus en plus hérissée de difficultés. Il demanda avec instances un collaborateur, et on lui envoya le P. Cataneo, récemment arrivé à Goa. Depuis longtemps le P. Ricci nourrissait le projet de faire un voyage à Péking, dans l’espoir d’obtenir une audience de l’empereur. Il était persuadé que les moindres succès à la cour seraient plus utiles et plus efficaces à la propagation de la foi en Chine que tous les efforts tentés dans les provinces. L’occasion de réaliser ce voyage s’offrit au mois d’avril 1595. Un des principaux mandarins de l’empire, qui traversait Tchao-Tcheou pour aller dans la capitale, avait eu la curiosité de voir les jésuites et de les consulter sur la santé de