Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/122

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son fils. Le P. Ricci répondit qu’il ne pourrait guérir cet enfant pendant le court séjour que le mandarin faisait dans la ville, mais qu’il l’accompagnerait volontiers, afin de lui continuer ses soins. L’offre fut acceptée, et l’on fit de part et d’autre les préparatifs du départ.

Avant de quitter Tchao-Tcheou et de se mettre en route pour la capitale de la Chine, le P. Ricci opéra une réforme que les supérieurs de Macao jugèrent de la plus haute importance. Jusque-là les missionnaires avaient adopté la mise des religieux bouddhistes du pays, se rasant la tête et la barbe, portant des robes à grandes manches et dont les larges collets se croisaient sur la poitrine. Ils étaient en tout point costumés à la façon des bonzes ; aussi était-ce le nom que la multitude leur donnait. L’inconvénient était grave car le mépris dont sont en général environnés, en Chine les religieux bouddhistes ne manquait pas de rejaillir sur les missionnaires catholiques. Ceux qui avaient des rapports avec eux savaient sans doute les apprécier ; mais la foule les enveloppait volontiers avec les habitants des bonzeries dans une réprobation commune. Ils renoncèrent donc au costume des bonzes, adoptèrent l’habit des lettrés et laissèrent pousser les cheveux et la barbe.

Après avoir confié la mission de Tchao-Tcheou au P. Cataneo, le P. Ricci, accompagné de deux jeunes novices de Macao, se mit en route avec le grand mandarin militaire qui devait le conduire jusqu’à Péking. Ils allèrent d’abord par eau jusqu’à Nan-Hioung, où ils furent cordialement accueillis par quelques néophytes qui étaient venus étudier la doctrine à Tchao-