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VI.


Lorsque le protecteur des missionnaires eut quitté Péking, ceux-ci ne tardèrent pas à remarquer la froideur et l’indifférence de leurs nouveaux amis. Les mandarins se retirèrent peu à peu et ne vinrent plus les visiter ; bientôt même ils refusèrent de les recevoir chez eux. Le P. Ricci, sans pourtant se décourager, crut alors qu’il serait prudent de songer à la retraite et de se replier sur Nanking. La chose la plus importante, c’était de ne pas se compromettre tout à fait dans la capitale et de se ménager pour l’avenir une porte de rentrée.

On avait beau dire et répéter à satiété que les jésuites savaient faire de l’argent avec le plomb et le mercure, il n’en était pas moins vrai que leur bourse était vide, et qu’ils ne savaient trop comment payer les frais de leur voyage. Ils venaient de recevoir du procureur de Macao une lettre qui leur donnait avis qu’on avait compté à une maison de commerce de Canton un somme assez considérable, remboursable à Péking, moyennant un billet payable à vue que le procureur envoyait en même temps. On chercha dans tout Péking, mais vainement, le correspondant de ce marchand de Canton ; il n’existait personne du nom indiqué dans la lettre. Évidemment le trop confiant procureur de Macao avait été victime d’une fourberie insigne. Il fallut donc s’embarquer pauvrement sur un bateau de passage, manquant presque de tout et n’avançant qu’à