Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/173

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parvenir à ses fins, il écrivit à Tien-Tsing et fit répandre le bruit que ces étrangers avaient voulu se rendre à Péking, dans le dessein de faire mourir l’empereur par le moyen de sortilèges. Il parlait mystérieusement d’une image affreuse qu’ils portaient toujours sur eux, et qui représentait un être cloué à une croix par les quatre membres ; cette image devait causer la mort de l’empereur aussitôt qu’elle lui serait présentée. Il ajoutait ensuite dans sa lettre que, par mesure de sûreté publique, il fallait se saisir de ces hommes pervers et les faire reconduire à Canton, chargés de chaînes. Ces bruits se répandaient parmi le peuple avec mille commentaires, et y prenaient tant de consistance, que les personnes les plus favorables aux missionnaires leur conseillaient de s’enfuir, bienheureux de sauver encore leur vie en sacrifiant leurs bagages. Les PP. Ricci et Didacus, pleins de confiance en Dieu, ne se laissèrent pas ébranler. Ils résolurent d’attendre à Tien-Tsing que la bonté de la Providence vînt les retirer du précipice où les avait jetés la malice des hommes.

Il y avait six mois qu’ils étaient dans cette douloureuse position, lorsque un jour l’empereur, entouré d’une troupe de courtisans, dit tout à coup : Où est donc cette cloche merveilleuse qui sonne d’elle-même les heures, et qu’un étranger de l’extrême Occident m’apportait ?… Les courtisans se regardèrent saisis d’étonnement. Oui, répéta l’empereur, où est cette cloche merveilleuse dont m’avait parlé l’eunuque Ma-Tang ? — Un des courtisans, qui était au courant de cette affaire s’approcha de l’empereur, se prosterna, frappa trois fois la terre du front et dit : Une