Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/174

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requête concernant cet étranger est montée jusqu’au trône du Fils du Ciel, mais le pinceau impérial n’a rien écrit au bas ; qui donc eût osé, sans les ordres du Fils du Ciel, introduire un étranger dans la capitale ? L’étranger est encore à Tien-Tsing. — L’empereur demanda cette requête, et aussitôt un courrier extraordinaire partit pour Tien-Tsing, avec ordre de faire venir à Péking les étrangers, et, comme on était en hiver, la glace s’opposant à ce qu’ils pussent faire route par eau, on leur alloua huit chevaux et trente portefaix pour les conduire par terre avec leurs bagages.


III.


Ce fut au mois de janvier 1601 que les PP. Ricci et Didacus entrèrent à Péking, sur un ordre exprès de l’empereur. Comme nous l’avons déjà fait remarquer, les eunuques avaient une telle influence dans le gouvernement, ils avaient si complétement envahi les avenues du palais qu’eux seuls avaient le privilège d’approcher l’empereur. Les plus grands dignitaires de l’empire, les ministres d’État, les présidents des cours souveraines ne pouvaient traiter les affaires que par leur intermédiaire. Ce voluptueux potentat de la haute Asie ne voyait personne ; il n’était entouré que de ses femmes ou de leurs ignobles valets. Les présents du P. Ricci furent envoyés à la cour, et excitèrent l’admiration générale. Au dire des eunuques, les grands tableaux à l’huile causèrent un peu de