Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/202

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appelés à tour de rôle, quatre par quatre, à se tenir auprès de l’empereur et à l’accompagner dans tous les voyages, pour noter ses actions et ses paroles. On comprend combien doit être grande l’influence et l’autorité de cette académie. Ses membres sont considérés dans tout l’empire comme des lumières et des oracles.

Lorsqu’on apprit que deux d’entre eux avaient reçu le baptême, les chrétiens furent traités partout avec respect et considération. Personne n’eût osé censurer ouvertement une doctrine qu’avait embrassée le docteur Sçu, le fameux académicien qui avait obtenu le premier rang dans tous les concours.

En 1605, la mission de Péking comptait déjà plus de deux cents néophytes. Cette même année fut marquée par plusieurs conversions qui donnèrent au P. Ricci les plus belles espérances pour les progrès de la foi dans toute l’étendue de l’empire. Un prince impérial reçut le baptême et fut nommé Joseph. Ses exhortations attirèrent bientôt plusieurs de ses parents, et son frère aîné, qui avait déjà étudié avec soin les livres chrétiens, demanda à être mis au rang des catéchumènes. Deux de ses cousins suivirent son exemple, et ils furent tous trois baptisés solennellement le jour de l’Épiphanie, en commémoraison des rois mages qui étaient venus adorer le Rédempteur des hommes. Les trois princes chinois reçurent les noms de Melchior, de Gaspard et de Balthasar.

La mère du prince Joseph était très-adonnée aux superstitions des bonzes. Depuis plus de dix ans elle était entrée dans la secte des abstinentes. Les femmes qui s’enrôlent dans cette confrérie font vœu de ne jamais manger ni viande, ni poisson, ni œufs, rien enfin