Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/215

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tait pas entièrement persuadé de l’identité des deux pays.

Dans cet état de choses, les religieux qui évangélisaient les Indes résolurent, pour faire cesser cette indécision, de remonter les chemins de la haute Asie et d’aller voir par eux-mêmes les Cathayens. Ils écrivirent par la voie de Macao au P. Ricci, et lui annoncèrent que des missionnaires essayeraient de le joindre à Péking en suivant la route de terre, d’après l’indication des ambassades indiennes qui allaient trafiquer dans le Cathay. Un jésuite portugais, le P. Benoît Goès, fut chargé de cette aventureuse exploration. Plein de force, de courage et d’énergie, il connaissait d’ailleurs parfaitement les divers langages de l’Inde. Afin de voyager plus commodément et pour ne pas éveiller les soupçons des indigènes, il adopta le costume arménien, et prit le nom d’Abdula Isaï, c’est-à-dire maître chrétien. Un prêtre grec appelé Léon, un marchand du nom de Démétrius, et un certain Izaac, Arménien, établi depuis longtemps dans le royaume de Lahor, voulurent lui servir de compagnons de route. Muni de plusieurs lettres de quelques rois de l’Inde, il partit le 6 février 1603, avec une bonne escorte de musulmans convertis au christianisme. Sa Majesté Catholique avait commandé au vice-roi de l’Inde de pourvoir aux frais de cette intéressante expédition.

La caravane arriva sans encombre jusqu’au royaume de Lahor, où elle fut obligée de s’arrêter pour prendre du renfort, car elle allait s’engager dans un pays infesté de voleurs et de brigands. Le roi de Lahor, ami des jésuites, mit à la disposition du P. Goès cinq cents soldats indiens. On s’arma de pied en cap, puis on se