Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/216

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mit bravement en route, avec la ferme résolution d’exterminer tous les brigands qui paraîtraient. Le moment d’utiliser tant de courage ne tarda pas à s’offrir. Pendant que la caravane cheminait paisiblement le long d’une vallée, quelques cavaliers débouchent tout à coup d’un ravin, en poussant de grands cris et en brandissant de longs sabres. Ils fondent avec impétuosité sur les soldats indiens, qui se débandent aussitôt et se sauvent au galop et en tumulte dans une forêt voisine. Le P. Goès et ses compagnons de route n’eurent qu’à suivre l’exemple de leurs défenseurs et coururent aussi se sauver dans d’épais fourrés. Les brigands s’étant retirés, il fallut plusieurs jours pour réorganiser la caravane, car les cinq cents soldats du roi de Lahor avaient pris la fuite avec une telle énergie qu’ils s’étaient enfoncés bien avant dans l’intérieur de la forêt. Plusieurs même ne reparurent pas et manquèrent à l’appel lorsqu’il fallut se remettre en route.

Cette première aventure fit comprendre au P. Goès qu’il n’avait pas à compter sur sa nombreuse, mais peu vaillante escorte. Heureusement que les bandits de la contrée eurent le bon esprit de ne pas reparaître, et la caravane arriva sans combat, mais épuisée de fatigues, dans le Caboul, où la mauvaise saison les força de faire un long séjour. L’escorte fournie par le roi de Lahor s’en retourna sans trop exciter les regrets du P. Goès. La façon dont elle s’était conduite à la première alerte était une démonstration plus que suffisante de sa complète inutilité. Le prêtre grec nommé Léon, ayant trouvé peu de son goût un semblable voyage, jugea à propos de profiter de l’occa-