Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/230

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lieues. Un nombre prodigieux d’ouvriers y fut employé, et les travaux de cette entreprise gigantesque durèrent pendant dix ans.

La grande muraille s’étend depuis le point le plus occidental de la province du Kan-Sou jusqu’à la mer Orientale. L’importance de cet immense travail a été différemment jugée par ceux qui ont écrit sur la Chine. Les uns l’ont exalté outre mesure, et les autres se sont efforcés de le tourner en ridicule ; il est à croire que cette divergence d’opinions vient de ce que chacun a voulu juger de l’ensemble de l’ouvrage d’après l’échantillon qu’il avait sous les yeux. M. Barrow, qui vint en Chine en 1793 avec lord Macartney, en qualité d’historiographe de l’ambassade, a fait le calcul suivant : Il suppose qu’il y a dans l’Angleterre et l’Écosse dix-huit cent mille maisons. En estimant la maçonnerie de chacune à deux mille pieds cubes, il avance qu’elles ne contiennent pas autant de matériaux que la grande muraille chinoise, qui, selon lui, suffiraient pour construire un mur capable de faire deux fois le tour du globe. Évidemment M. Barrow a pris pour base de son calcul la grande muraille telle qu’il a pu la voir au nord de Péking ; la construction en est réellement belle et imposante ; mais il ne faudrait pas croire que cette barrière élevée contre les irruptions des Tartares, est dans toute son étendue également large, haute et solide. Nous avons eu occasion, durant nos voyages dans la haute Asie, de la traverser sur plus de quinze points différents, plusieurs fois même nous avons suivi sa direction des jours entiers sans jamais la perdre de vue ; souvent au lieu de ces doubles murailles crénelées qui existent aux