Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/233

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généreusement et qu’on leur fît une large part dans les profits. Ils fabriquaient, de concert avec les marchands, des lettres de créance ; souvent ils inventaient à plaisir des souverains et des royaumes qui n’avaient jamais existé, et lorsque tout était bien organisé conformément aux rites, on envoyait une dépêche à Péking pour informer l’empereur qu’un monarque étranger avait envoyé une ambassade et qu’il implorait la faveur d’offrir le tribut au Fils du Ciel. L’empereur, qui aimait à se considérer comme le suzerain de tous les rois de la terre, ne pouvait qu’être extrêmement flatté de ces hommages ; il accueillait noblement ces ambassadeurs de contrebande, les faisait traiter avec distinction, et ne manquait jamais de les combler de riches présents en retour du prétendu tribut qu’ils avaient apporté, de telle sorte que c’était la cour de Péking qui en réalité était devenue tributaire des étrangers. Mais ces arrangements flattaient son orgueil et servaient en même temps d’une manière merveilleuse la cupidité des marchands et des mandarins.


IV.


Le P. Goès eut à Kia-yu-Kouan de nombreux renseignements sur la position de ses confrères de Péking et sur la mission florissante qu’ils y avaient fondée ; il brûlait du désir d’aller les rejoindre et de se reposer un peu de ses longues fatigues dans le calme de leur résidence. Mais les mandarins étaient impitoyables, et