Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/24

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flexions sur l’étrangeté de notre figure, et dire, sans balancer, que nous étions du même pays que le maître de Tsong-Kaba. On peut supposer qu’une mort prématurée ne permit pas au missionnaire catholique de compléter l’enseignement religieux de son disciple, qui, dans la suite, voulant lui-même devenir apôtre, soit qu’il n’eût pas une connaissance suffisante du dogme chrétien, soit qu’il eût renié ses croyances, s’appliqua seulement à introduire une nouvelle liturgie. La faible opposition qu’il rencontra dans sa réforme semblerait indiquer que les progrès du christianisme dans ces contrées y avaient déjà beaucoup ébranlé le culte de Bouddha… La coïncidence des lieux, celle des époques, les témoignages de l’histoire et de la tradition, tout démontre donc jusqu’à l’évidence que la hiérarchie et le culte lamaïques ont fait des emprunts considérables an christianisme, et que les assertions de Voltaire et de Volney ne sauraient provenir que d’une profonde ignorance ou d’une insigne mauvaise foi.


III.


Les communications entre l’Europe et la haute Asie furent longtemps interrompues par les guerres sanglantes et dévastatrices de Tamerlan. Lorsqu’on fit ensuite de nouvelles tentatives pour renouer des relations, les difficiles et interminables voyages par terre avaient été abandonnés, et la mer allait être le lien qui devait rapprocher les contrées les plus reculées des