Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/240

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des bandes de papier peint, et dont les Chinois font une prodigieuse consommation pour orner leurs portes et l’intérieur de leurs appartements. Il serait superflu d’ajouter que les littérateurs incompris du Céleste Empire sont naturellement les agents les plus actifs des sociétés secrètes et les agitateurs du peuple en temps de révolution. La proclamation, le pamphlet et le placard sont des armes qu’ils manient pour le moins aussi bien que leurs confrères de l’Occident[1].

Tels étaient les ennemis implacables des missionnaires. Ils lançaient contre eux des libelles passionnés, ou ils attaquaient violemment leur religion ou tout simplement leur qualité d’étrangers. On inventait des calomnies habilement arrangées, on surexcitait l’esprit jaloux et soupçonneux de la multitude, et de là naissaient une foule d’embarras et de procès qui ralentissaient le progrès des conversions. Les catéchumènes craintifs et pusillanimes s’éloignaient de peur d’être compromis, et les néophytes chancelaient souvent dans leur récente profession de foi.

Malgré ces obstacles de tous les jours, l’Église de Jésus-Christ prenait en Chine d’heureux accroissements. La semence évangélique, quoiqu’elle ne rapportât pas encore au centuple, ne tombait pas toujours sur une terre inféconde, et tout faisait espérer qu’à force de persévérance et de labeur le temps de la grande moisson arriverait. Les premiers champs qui avaient été cultivés s’agrandissaient et se fertilisaient. Quelquefois, lorsqu’une bonne occasion se présentait, on allait s’occuper du défrichement de quelque terre

  1. Empire chinois, t. II.