Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/241

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inculte. Telle fut l’entreprise du P. Cataneo à Schang-Hai, où l’appela le docteur Paul. Nous avons déjà dit que cet illustre et fervent néophyte avait été obligé de quitter Péking, où il était membre de l’Académie des Han-Lin, pour aller passer trois années de deuil dans sa famille à cause de la mort de son père. On sait que pendant ce temps les Chinois ne peuvent exercer aucun office public. Un mandarin est obligé de quitter sa charge, un ministre d’État de renoncer à l’administration des affaires, pour vivre dans la retraite et pleurer ses morts. Il ne doit rendre aucune visite, et ses relations officielles avec le monde sont interrompues. La dynastie actuelle a réduit le grand deuil à vingt-sept mois en faveur des fonctionnaires du gouvernement.

Hiu-Paul était de Schang-Hai, ville de troisième ordre située sur le bord de la mer, en face des îles du Japon. De tout temps ce point a été très-important pour le commerce. Au moyen âge les navires arabes se rendaient en grand nombre dans ce port, et on sait que de nos jours il a été ouvert au commerce de l’Occident, et qu’il a acquis une très-grande importance par la construction d’une ville européenne qui s’est élevée en peu de temps à côté de la cité chinoise. Le docteur Paul ayant prié le P. Cataneo de venir évangéliser son pays natal, la famille Hiu tout entière ne tarda pas à se convertir au christianisme. La résidence princière de cet éminent personnage était située aux environs de la ville, sur le bord d’un canal artificiel qui communique avec le fleuve Bleu, dont l’embouchure est à Schang-Hai. On avait fait construire dans cette riche habitation une chapelle, où les