Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/250

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juste de leur accorder leur demande ; mais je n’ose rien ordonner de ma propre autorité. C’est pourquoi je supplie Votre Majesté de commander ce qu’elle jugera le plus convenable à son service.

« Fait la trente-huitième année du règne de Wan-Lié (1610), le vingt-troisième jour de la quatrième lune[1]. »

L’empereur ayant reçu ce rapport, l’envoya, selon l’usage, au premier ministre pour qu’il y joignît son avis. Celui-ci écrivit qu’il lui semblait qu’on devait en adopter les conclusions, puis il le renvoya à l’empereur, qui prit le pinceau et traça de sa propre main, en vermillon, le caractère officiel de l’approbation, che, c’est-à-dire, qu’il soit fait ainsi.

Au milieu du deuil occasionné par la mort du P. Ricci, cette heureuse nouvelle fut le sujet d’une immense consolation. Elle fut accueillie par les chrétiens avec de vifs transports d’allégresse. C’était un mélange inouï de joie et de tristesse, de bonheur et de désolation. Le grand propagateur du christianisme en Chine n’était plus, mais à leurs yeux le décret impérial venait de donner à son œuvre des fondements impérissables. Les autorités s’occupèrent aussitôt de chercher un endroit dont on pût faire concession au P. Pantoja, conformément à la volonté de l’empereur. On s’arrêta à une pagode entourée d’un bel enclos, et qui était, devenue la propriété d’un eunuque actuellement condamné à mort et détenu dans les prisons publiques. Comme on objectait au gouverneur de Péking que cette pagode appartenait à un eunuque et que de plus elle était ha-

  1. Trigault, p. 541-542.