Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/258

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dont Confucius prescrivait l’adoration et le culte à ses disciples.

Quant aux honneurs que les Chinois rendent aux ancêtres, le P. Ricci avait suivi le même ordre d’idées et les avait jugés du même point de vue. Il s’était persuadé et avait essayé de persuader aux autres missionnaires que les sacrifices offerts aux ancêtres étaient des hommages purement civils, et que, d’après la doctrine de Confucius bien entendue, ces cérémonies n’avaient aucun caractère religieux et sacré que le motif en était uniquement fondé sur les sentiments de vénération, de piété filiale, de reconnaissance et d’amour que les Chinois ont eus dans tous les siècles pour les auteurs de leurs jours, et pour les sages qui ont répandu dans l’empire les bienfaits de la science et de la civilisation. Ricci en concluait que ces sacrifices et ces fêtes nationales, ramenés à leur source et aux vrais principes du philosophe chinois, n’étaient pas un culte de superstition et d’idolâtrie, mais un culte civil et politique, qui pouvait être permis, à l’égard de Confucius et des ancêtres, aux Chinois convertis au christianisme…

Telle fut l’opinion constante du P. Ricci et du plus grand nombre de ses confrères. Ce système, il faut en convenir, offrait de grandes facilités aux missionnaires et leur assurait de rapides progrès dans la propagation de la foi chrétienne. L’antique et seule religion des Chinois avait toujours été bornée au culte du Tien (Ciel), des sages et des ancêtres. Les rêveries des Tao-Sse et les superstitions des bonzes les avaient captivés à diverses époques, sans jamais pourtant s’enraciner dans leurs croyances et obtenir l’adhésion de leur foi.