Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/273

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subir un interminable interrogatoire, dans l’espoir de les prendre par leurs propres paroles, et de trouver matière à les faire flageller et torturer par ses bourreaux, qui, debout et armés d’horribles instruments de supplice, n’attendaient qu’un signe du tyran pour accabler ces pauvres victimes. Il leur demanda quelle doctrine ils professaient et enseignaient au peuple ; par quel moyen ils étaient entrés en Chine ; quel genre de vie ils menaient ; quels étaient leurs moyens d’existence ; quelles étaient les relations que les missionnaires de l’empire entretenaient avec ceux de Macao, et une foule d’autres questions auxquelles les accusés répondirent avec tant de sagesse et un tel accent de vérité, que le juge eut la douleur de n’avoir à infliger ni bastonnade ni torture.

S’adressant ensuite au frère Sébastien, il lui demanda par quelle audace et quelle impudeur il prétendait faire adorer comme un Dieu un criminel judiciairement condamné à mort… L’intrépide confesseur de la foi ranima ses forces presque épuisées par de précédentes flagellations, et développa avec une sainte ardeur le mystère de rédemption opéré sur la croix par la mort du Christ. Le tableau saisissant qu’il fit de la passion du Sauveur et des bourreaux persécuteurs de l’innocence, parut au tyran trop significatif. « Il ne pust souffrir, dit Semedo qui était présent à ce beau mais douloureux spectacle, il ne pust souffrir cette généreuse liberté, et commanda qu’on luy deschargeast encore vingt coups de baston, pour amortir ce feu qui l’animoit. Comme ses playes n’estoient pas bien fermées, elles se renouvellèrent toutes avec des douleurs incroyables, et le sang qui en sortit, comme