Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/279

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On se réunissait en secret et en silence dans des maisons particulières, tantôt ici et tantôt là, pour ne pas éveiller les soupçons de l’ennemi. On avait mille ingénieux stratagèmes pour déjouer la surveillance des mandarins et des satellites. Les chrétiens pouvaient ainsi, à force de prudence et de courage, assister encore au saint sacrifice et remplir en commun leurs devoirs religieux. C’était un touchant souvenir des catacombes.

Dieu, qui aime souvent à tirer le bien du mal, permit que ce temps d’épreuves et de souffrances fût pour la mission de Chine une occasion d’accroissement et de progrès. Les missionnaires et les chrétiens, obligés de se cacher pour se soustraire à la persécution, durent se disperser et choisir de préférence les endroits ou ils étaient le moins connus. Ils furent ainsi amenés à former de nouvelles résidences, et le calme succédant peu à peu à la tempête, il leur fut permis d’exercer autour d’eux la salutaire propagande des bons exemples. Ils fondèrent même, sans bruit, non loin de la ville de Nanking, un collége où plusieurs jeunes Chinois se préparaient, par l’étude de la religion et des lettres, à devenir un jour des prédicateurs de l’Évangile parmi leurs compatriotes. Trois ans s’étaient à peine écoulés que les confesseurs de la foi exilés à Macao, essayèrent de rentrer secrètement dans leur mission, pour reprendre avec une nouvelle ardeur leurs travaux apostoliques. Le P. Alvarez Semedo fut le premier à tenter son retour en Chine. Son entreprise ayant été couronnée de succès, le P. Vagnon ne tarda pas à imiter son exemple, et bientôt non-seulement tous les anciens, mais encore de nou-