Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/282

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forma le hardi projet d’y pénétrer. Le 30 mars 1624 il partit d’Agra avec le P. Marquez pour accompagner le Grand Mogol qui se rendait à Kachemire. On sait qu’à cette époque les jésuites étaient très-populaires dans les Indes et qu’ils exerçaient une grande influence sur le souverain. Lorsqu’ils furent arrivés à Dehly[1], ils apprirent qu’une caravane de dévots bouddhistes se disposait à faire un pèlerinage à une fameuse pagode éloignée d’Agra d’un mois et demi de chemin. « Comme depuis vingt ans, dit d’Andrada, nos pères ne cessaient de répéter qu’il se trouve des États chrétiens dans ces contrées, voyant que je pouvais avoir compagnie, je résolus de connaître un peu le pays par moi-même, avec d’autant plus de facilité qu’il suffisait au Grand Mogol d’avoir un seul de mes compagnons pour aller à Kachemire. Je me mis en route pour le Thibet avec un frère et deux valets[2]… »

D’Andrada sortit de Dehly de très-grand matin, revêtu de la tunique indienne qu’il portait habituellement ; mais il avait eu soin de mettre le costume thibétain par-dessous, de sorte que, lorsqu’il fut en dehors des portes de la ville, il n’eut qu’à se dépouiller de sa tunique pour être complétement déguisé. Il rencontra plusieurs chrétiens et des gens de la suite du Grand Mogol, qui ne le reconnurent pas. Il s’écarta de la grande route et alla rejoindre, par des chemins de traverse, des pèlerins bouddhistes qui campaient aux frontières de l’Hindoustan.

La caravane se mit en route et traversa les États

  1. Dehly était alors la capitale du vaste empire du Grand Mogol.
  2. Relation de d’Andrada, p. 5.