Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/283

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de Sirinagar[1], où d’Andrada et ses compagnons furent arrêtés comme fugitifs des terres du Grand Mogol. Ils allaient être chargés de chaînes et renvoyés à leur souverain, conformément aux conventions internationales des deux pays ; mais ils exposèrent leur position et le but de leur voyage avec tant de franchise et de loyauté qu’on les laissa passer. Du royaume de Sirinagar, ils arrivèrent au pied des monts Hymalaya… « Nous commençâmes dit d’Andrada, à gravir ces hautes montagnes, qui n’ont peut-être pas leurs pareilles sur le globe. Il suffit de dire qu’il faut marcher plus de deux jours entiers pour en franchir une seule. Dans certains endroits, le passage est si étroit, que nous ne pouvions mettre qu’un pied devant l’autre, et il faut marcher de cette manière une bonne partie du chemin, tantôt passant de côté, tantôt s’accrochant au rocher avec les mains, de manière que si l’on faisait un faux pas on serait sur d’être abîmé et mis en pièces. Ces rochers sont si droits qu’on les croirait tirés au cordeau. Le Gange coule à leur pied comme dans un abîme, et l’immense quantité d’eau qu’il roule parmi ces rochers et ces précipices fait un bruit affreux, répété par les échos, ce qui augmente encore l’effroi du voyageur tremblant sur ces étroits sentiers. Si l’ascension est difficile, la descente est encore plus périlleuse, car on ne sait où se retenir. Nous fûmes contraints plusieurs fois de marcher à reculons et de mettre un pied après l’autre, comme si nous descendions une échelle ; mais, ajoute

  1. Sirinagar (ville du bonheur), capitale de la province de Kachemire.