Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ville de troisième ordre, ayant sous sa juridiction les Chinois de Macao. Comme le préfet de la Montagne des Parfums ignorait également cette affaire, il envoya en députation à l’évêque de Macao quelques officiers de son tribunal. Ils furent conduits au collége des Jésuites, où on leur montra en effet la patente du vice-roi munie du grand sceau. Aussitôt ils voulurent s’en emparer, sous prétexte qu’un écrit semblable ne pouvait rester entre les mains des barbares sans avilissement pour la dignité de l’Empire Céleste. Les pères du collége furent unanimement d’avis qu’il ne fallait pas se dessaisir de cette pièce importante. Ils exprimèrent cependant le désir d’aller la porter eux-mêmes au préfet de la ville de Canton, et de lui demander l’exécution de la promesse qu’elle contenait. Les officiers chinois s’irritèrent beaucoup et déclarèrent qu’une pareille démarche était contraire aux rites et de toute impossibilité. On insista avec force et persévérance, et à la fin il fut convenu qu’on passerait par-dessus les rites, que les officiers chinois conduiraient les porteurs de la patente jusqu’à la Montagne des Parfums, et que là le sous-préfet de la ville se chargerait de leur faire continuer la route par eau jusqu’à Canton. Cette mission si délicate fut confiée à la prudence et à l’énergie des PP. Roger et Ricci.

Après quelques heures de marche dans l’île de Ngao-Men, dont Macao occupe un rocher, à la pointe de l’est, ils arrivèrent à la ville de la Montagne des Parfums, bâtie sur le bord de la mer. Le sous-préfet les reçut très~mal, et leur intima l’ordre de lui remettre la patente pour qu’il l’envoyât lui-même aux magistrats de Canton. Sur le refus formel des missionnaires,