Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son intention, il prit leur bagage et le jeta sur le rivage. Il fallut donc se résigner encore à cet insuccès et retourner à l’hôtellerie.

Ceux qui ne connaissent pas les Chinois se persuaderaient aisément qu’il n’y avait plus de tentatives à faire, que le plus court était de retourner à Macao et d’y attendre patiemment une occasion meilleure. Les missionnaires ne se rebutèrent pas. Ayant sans doute suffisamment étudié le peuple avec lequel ils avaient à traiter, ils jugèrent que, malgré ces échecs répétés, tout espoir n’était pas encore perdu. Ils s’entendirent, moyennant finances, avec un petit mandarin de la localité, qui se chargea de leur faire exécuter ce voyage si désiré. Il fit semblant de les arrêter et les envoya, comme prisonniers, au préfet maritime de Canton, en lui disant dans sa dépêche que ces deux religieux étrangers avaient été pris dans la ville de la Montagne des Parfums, porteurs de prétendues patentes du vice-roi… que ces hommes lui paraissaient suspects et qu’on les lui envoyait pour être jugés et punis. Ce fut par ce singulier moyen qu’ils parvinrent, sans nouvel encombre, jusqu’à Canton, où ils furent assez bien reçus par le préfet maritime. Ils lui remirent la patente de l’ex-vice-roi, puis une requête dans laquelle ils disaient qu’attirés par la brillante renommée du Céleste Empire, ils avaient traversé des mers incommensurables et périlleuses, afin d’avoir le bonheur de vivre et de mourir dans ce célèbre pays ; qu’ils ne demandaient autre chose sinon un coin de terre où ils pussent bâtir un temple au Seigneur du ciel, vaquer à la prière et travailler à se perfectionner. Le préfet trouva le projet beau et louable, mais il ne