Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/76

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curiosité étaient, il faut en convenir, le principal mobile, ils avaient cependant l’occasion de déposer dans ces âmes quelques germes de foi et de leur faire entendre quelques paroles de vérité. Il y avait dans leur maison, comme dans celles des Chinois, la salle des hôtes. Ils l’avaient arrangée en forme d’oratoire ; c’était là qu’ils célébraient les saints mystères et qu’ils vaquaient à la prière. L’autel était disposé au fond de la salle, et on avait placé au-dessus un grand tableau représentant la Vierge tenant dans ses bras l’enfant Jésus. On voyait sur les murs des inscriptions en grands caractères chinois, qui exprimaient les vérités fondamentales de la religion. « Au souverain modérateur de toutes choses. » — « À la véritable source de tous les êtres, » etc. Ils firent aussi la traduction du Décalogue, l’imprimèrent à de nombreux exemplaires pour la distribuer à ceux qui venaient les visiter.

Cependant le tableau de la Vierge ne demeura pas longtemps dans la chapelle des jésuites. Ils l’enlevèrent et mirent à la place une image du Sauveur des hommes. Le bruit s’était répandu parmi le peuple que les étrangers de l’Occident adoraient une femme. Une telle opinion, si elle se fût accréditée, n’était guère propre à favoriser la propagation du christianisme ; car on sait à quel état d’abjection sont réduites les femmes dans l’empire chinois.

À mesure que les PP. Roger et Ricci se perfectionnaient dans l’étude du chinois, ils s’appliquaient plus particulièrement à donner dans leur chapelle quelques instructions familières sur les vérités les plus élémentaires de la foi. Les mandarins, les lettrés, les personnages les plus recommandables de Tchao-King