Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/86

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été persuadés que le but bien arrêté des Européens, en venant en Chine, était de s’emparer du pays. Or la seule inspection de la mappemonde devait beaucoup diminuer leur crainte, en voyant combien était énorme la distance qui les séparait des peuples de l’Occident. La présence de quelques étrangers sur leurs côtes ne pouvait donc être un sujet de bien vives alarmes ; le danger n’était pas encore imminent.

L’impression produite par la mappemonde sur l’esprit des Chinois encouragea le père Ricci. Il poursuivit avec habileté ce moyen d’influence, en composant des sphères terrestres et célestes, en en cuivre et en fer. Il fit aussi des cadrans solaires pour marquer les heures, et en fit présent aux premiers magistrats de la ville. De la sorte, il s’acquit une réputation prodigieuse, et bientôt il fut considéré comme l’homme le plus savant qui eût jamais paru en astronomie, ou, comme disent les Chinois, en littérature céleste (Tien-Wen).

Sur ces entrefaites, le P. Roger revint de Macao ; de son côté, il avait aussi parfaitement réussi dans son entreprise. Les navires portugais qu’on attendait des Indes et du Japon étaient enfin arrivés, et comme les opérations commerciales avaient été heureuses, il fut possible de faire d’abondantes aumônes à la mission de Chine. Les jésuites reprirent donc à Tchao-King leurs travaux de construction, et achevèrent de bâtir leur maison, « laquelle, dit le P. Trigault, encore que petite, n’en estoit pas pour cela moins belle ; et les Chinois regardèrent avec beaucoup de plaisir cest ouvrage européen, qui paroissoit différent de leurs bastimens, par les estages et le pavé, et auquel la disposition proportionnée des fenestres adjoustoit beau-