Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/46

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un peu de repos à nos animaux dont les forces étaient épuisées ; le cheval et le mulet avaient sur les flancs de grosses tumeurs produites par le frottement de la selle. Avant d'aller plus loin, il était important de leur faire une opération et de les médicamenter. Ayant donc le projet du nous reposer, avant de nous fixer quelque part, nous examinâmes toutes les auberges de la ville, afin de nous arrêter à la plus convenable ; l’Hôtel des climats tempérés eut notre choix.

Depuis notre entrée dans la province du Kan-Sou, il ne s'était pas passé de journée sans que Samdadchiemba nous parlât des Trois-Vallons et des Dchiahours. Quoiqu'il eut le caractère peu sentimental, il désirait pourtant beaucoup aller revoir son pays natal, et ce qui pouvait encore rester de sa famille. Nous ne pouvions que seconder des désirs si légitimes. Aussitôt que nous fûmes bien établis dans l'Hôtel des Climats tempérés, nous lui donnâmes huit jours de congé pour aller revoir sa patrie qu'il avait abandonnée encore tout enfant. Huit jours lui parurent suffisants, deux pour aller, deux pour revenir, et quatre pour rester au sein de sa famille et lui raconter les merveilles qu'il avait vues dans le monde. Nous lui permîmes d'emmener un chameau avec lui, afin qu'il pût faire parmi les siens une apparition un peu triomphale ; cinq onces d'argent que nous plaçâmes dans sa bourse, devaient achever de le recommander à ses compatriotes.

En attendant le retour de notre Dchiahour, nous fûmes exclusivement occupés à prendre soin de nos animaux et de nous-mêmes. Tous les jours nous devions aller en ville acheter nos provisions particulières, faire nous-mêmes