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SYMPHONIES DE VIOLONS AVEC l’ORGUE. 13

n’eus jamais un tel ravissement : mais surtout dans l’hymne et dans la prose, où ordinairement le maistre s’efforce de mieux faire, et où véritablement j’entendis de parfaitement beaux chants, des variétez très-recherchées, des inventions très-excellentes et de très-agréables et différents mouvements. Dans les antiennes ils firent encore de très-bonnes symphonies, d’un, de deux ou trois violons avec l’orgue, et de quelques archiluths jouans de certains airs de mesure de ballet[1], et se respondans les uns aux autres.

"Mettons, Monsieur, la main sur la conscience, et jugeons sincèrement si nous avons de semblables compositions : et quand bien même nous en aurions, il me semble que nous n’avons pas beaucoup de voix pour les exécuter à l’heure mesme, il faudrait un long temps pour les concerter ensemble, là où ces musiciens italiens ne concertent jamais, mais chantent tous leurs parties à l’improviste ; et ce que je trouve de plus admirable, c’est qu’ils ne manquent jamais, quoyque la musique soit très-difficile, et qu’une voix d’un chœur chante souvent avec celle d’un autre chœur, qu’elle n’aura peut-estre jamais vue ni ouye. Ce que je vous supplie de remarquer, c’est qu’ils ne chantent jamais deux fois les mesmes motets, encore qu’il ne se passe guère de jour de la semaine qu’il ne soit feste en quelque église, et où l’on ne fasse quelque bonne musique : de sorte qu’on est asseuré d’entendre tous les jours de la composition nouvelle. C’est là le plus agréable divertissement que j’aye dans Rome.

  1. On le voit, la musique mondaine s’introduisit en tous temps dans les églises. En France, vers 1670, on y jouait des menuets, ou autres airs de danse, et à un Te Deum de Lulli "les trompettes et les tymbales y entraient avec une si grande justesse, que jamais on n’entendit rien de plus charmant.» {Mercure). — Note de M. Thoinan.