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CORELLI. — SES SONATES. 39

attira une querelle de la part de Paolo Colonna (1). Corelli, qui avait fait de bonnes études de composition et écrivait bien, se défendit en homme instruit, et Antoine Liberatti, pris pour juge, se prononça en sa faveur (2). — 3° XII Suonate a tre due violini e arciliato (archiluth) col basso per l’organo, op. 3. Bologne, 1690. L’œuvre III est le chef-d’œuvre de Corelli comme le remarque Avison, célèbre, organiste, dans son ouvrage sur l'Expression musicale. « Quoique depuis Coreili, dit-il, le style de la musique soit bien changé, et que l’on ait fait de grands progrès dans la recherche de l’harmonie, cependant on trouve dans les meilleurs compositeurs modernes, le fond des idées de Coreili, dont ils ont su habilement profiter, en étudiant surtout l’œuvre III et l’œuvre V des sonates." Le Savant P. Martini, de Bologne, avoua qu’il avait pris l’œuvre III de Corelli pour modèle des deux œuvres de


(1) Jean Paul Colonna doit être considéré comme un des compositeurs italiens les plus distingués du XVIIe siècle, particulièrement dans le style d’église, et comme un des fondateurs de la bonne école de Bologne.
(2) Beethoven se moquait beaucoup de ces critiques pédantesques qui ne permettaient pas aux compositeurs la moindre dérogation aux formules scolastiques.
Voici à ce propos une anecdote racontée par Ries.
"Un jour, nous promenant, je lui parlais de deux quintes justes qui se trouvent dans un de ses premiers quatuors pour violons (celui en ut mineur) et qui produisent un effet frappant et de toute beauté. Beethoven ne se rappelait pas le passage en question et prétendait que je me trompais, et que ce n’était pas des quintes. Comme il avait l’habitude de porter sur lui du papier réglé, j’en demandai et je notai le passage à quatre parties. Beethoven, voyant que j’avais raison, me demanda : "Eh bien, qui les a donc interdites ces quintes ?" Je ne savais comment prendre cette question ; il la répéta plusieurs fois jusqu’à ce que je répondis tout étonné : "Elles sont proscrites par les premières règles fondamentales de l’harmonie." La question fut encore une fois répétée, et j’ajoutai : C’est Marpurg, c’est Kinberger, Fux, en un mot, tous les théoriciens, qui proscrivent ces quintes. — - Eh bien, répliqua Beethoven, alors moi, je les permets."