Page:Huet - Étude sur les différentes écoles de violon.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

44 L'ANGLAIS J. SHERAD, L'ITALIEN TESSARINI.

utiles au célèbre luthier Stradivari pour la fabrication de ses instruments ; à Pistoie, Giacopino ; à Naples, Michel Mascitti. D’autres, tels que Mathieu Alberti, Thomas Albinoni Charles Tessarini, Joseph Valentini, dont les œuvres ont été publiées en Hollande, Marietto, violoniste napolitain, attaché à la maison du duc d’Orléans, et Antoine Vivaldi, furent à la fois des virtuoses de premier ordre pour leur temps, et de grands compositeurs de musique instrumentale (1). Un anglais, nommé James Shérard, composa aussi plusieurs sonates, approchant tellement du genre de Corelli par le style et la perfection qu’on aurait pu les confondre avec celles de l’illustre violoniste.

Tessarini, premier violon de l’église métropolitaine d’Urbino (2), naquit en 1690, à Rimini, dans les États Romains. Il y a lieu de croire qu’il fit ses études à Rome, et qu’il reçut des conseils de Corelli, car ses premiers ouvrages sont une imitation fidèle du style de ce grand violoniste. Quoiqu’il en soit, il se fit bientôt connaître par son double talent d’exécutant et de compositeur ; dès 1724, il était déjà célèbre en Italie. On connaît de lui des sonates et des concertos de violon, qui ont été publiés à Paris. Ce

(1) Fétis. — Notice biographique sur Nicolo Paganini, précédée d’une esquisse de l’histoire du violon.

(2) La plupart des églises en Italie employaient alors des orchestres pour accompagner les messes, psaumes et motets. Cet usage se continua jusqu’à la mort de Benoit XIV (1758). Ce pape recommandait l’emploi, dans les églises, de l’orgue, du basson, du violoncelle, de la viole et des violons.

Voici la composition de l’orchestre de l’église Saint-Marc, à Venise, dirigé par le maître de chapelle Jean Legrenzi (1685) : huit violons, onze petites violes ou violettes pour les deuxième et troisième parties; deux violes da braccio (ténors) ; trois grandes violes da gamba et molone (contre-basse de viole) ; quatre théorbes ; deux cornets, un basson, trois trombones; en tout trente-quatre instrumentistes. Legrenzi a écrit plusieurs sonates d’église pour violons, viole et orgue, et d’autres instruments, toutes publiées à Venise.