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68 ÉCOLE ALLEMANDE. — BENDA ET SES ÉLÈVES.

Influence de Tartini

Prusse. Cependant, il adopta la manière de Tartini dont il reçut les leçons pendant un séjour qu’il fit en Italie. Graün avait un talent solide ; comme INardini, il jouait surtout admirablement l'adagio[1].

Konieseck, né à Prague, commence l’école de violon sortie de la Bohême. Il fut le maître de François Benda, et c’est là sa plus grande gloire.

Ecole de Benda.

François Benda, né à Altematha dans la Bohême, le 23 novembre 1709, fut un artiste éminent. Ses premières leçons lui furent données par un juif aveugle nommé Loebel ; mais son talent se forma sous la direction de Koniesech. Celui-ci légua à Benda son style brillant, mais un peu petit sous le rapport du son. Le violoncelliste Franciscello, de Vienne, et Graun ne furent pas sans influence sur le talent de Benda. Burney dit, dans son Voyage musical, que la manière de ce virtuose n’était celle d’aucun autre violoniste. 11 n’avait copié ni Tartini, ni Somis, ni Veracini, mais il avait pris de chacun ce qui avait le plus d’analogie avec sa manière de sentir, et de tout cela il s’était fait un style particulier. Il excellait surtout à rendre les traits à l’aigu avec un son pur et moelleux, quoiqu’il les jouât dans un mouvement très-rapide. Ses élèves furent nombreux : ils répandirent en

(1) L’adagio est l’écueil des médiocrités. C’est là que l’artiste peut se livrer à toute sa sensibilité et à la profondeur de son expression. « Profondément ému dans l’adagio, il soutient avec lenteur et solennité les sons les plus touchants. Tantôt, il laisse errer sa pensée sous une harmonie grave et religieuse, tantôt il gémit dans une phrase plaintive et tendre et varie ses accents avec l’abandon de la douleur; tantôt noble et majestueux, il s’élance avec fierté au-dessus de tout sentiment vulgaire et se livre à son inspiration. Le violon n’est plus alors un instrument, c’est une âme sonore. Parcourant l’espace, il va frapper l’oreille de l’auditeur le moins attentif et cherche au fond de son cœur la corde sensible qu’il fait vibrer. » (Baillot, L'Art du Violon.)

  1. L’adagio est l’écueil des médiocrités. C’est là que l’artiste peut se livrer à toute sa sensibilité et à la profondeur de son expression. « Profondément ému dans l’adagio, il soutient avec lenteur et solennité les sons les plus touchants. Tantôt, il laisse errer sa pensée sous une harmonie grave et religieuse, tantôt il gémit dans une phrase plaintive et tendre et varie ses accents avec l’abandon de la douleur; tantôt noble et majestueux, il s’élance avec fierté au-dessus de tout sentiment vulgaire et se livre à son inspiration. Le violon n’est plus alors un instrument, c’est une âme sonore. Parcourant l’espace, il va frapper l’oreille de l’auditeur le moins attentif et cherche au fond de son cœur la corde sensible qu’il fait vibrer. » (Baillot, L'Art du Violon.)