Page:Huet - Étude sur les différentes écoles de violon.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PUGNANI. 85

plusieurs de ses élèves, notamment à Bruni qui a dirigé l’opéra italien de Paris, 1801 et 1802 : « Pugnani dominait dans l'orchestre, dit Rangoni, comme un général au milieu de ses soldats. Son archet était le bâton de commandant, auquel chacun obéissait avec la plus grande exactitude. Par un seul coup donné à propos, il renforçait l’orchestre, le ralentissait ou le ranimait à son gré. Il indiquait aux acteurs les moindres nuances, et rappelait tout le monde à cette parfaite union, qui est l'àme d’un concert. Pénétré de l’objet principal que tout habile accompagnateur doit se proposer, qui est de soutenir et de faire distinguer les parties essentielles, il saisissait, si promptement et si vivement l’harmonie, le caractère, le mouvement et le goût de la composition qu’il en imprimait au même instant le sentiment dans l’àme des chanteurs et de chaque membre de l’orchestre."

Une éloquence vive et nerveuse règne dans la mélodie de Pugnani, les idées s’y succèdent sans s’écarter du motif. Quelques-uns de ses trios ont même le grandiose du concerto, entre autres, celui où Viotti a pris le motif d’un de ses plus beaux concertos. (Voyez le premier trio de l’œuvre dix en mi bémol.)

Pugnani a écrit aussi pour l’église et pour le théâtre, dans ce dernier genre il a eu d’honorables succès. II mourut à Turin en 1803, à l’âge de soixante-seize ans. Pugnani avait un talent d’exécution qui se faisait remarquer par un beau son, une manière à la fois large et chaleureuse, et beaucoup de variété dans l’articulation de l'archet. Son organisation le portait plus au grand style qu’aux choses gracieuses. On connaît neuf concertos de violon de Pugnani, mais le premier seulement a été gravé chez Sieber à Paris. Parmi