Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/169

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Tu m’as très-fort battu. Nenni, c’est un progrès.
Nenni, c’est un grand pas ! — toujours elle recule !
— Causons. —

La bohémienne se rapproche.

Causons. —Voilà huit jours. — C’est à l’hôtel d’Hercule…
— Qui m’avait mené là ? mons Triboulet, je crois, —
Que j’ai vu tes beaux yeux pour la première fois.
Or, depuis ces huit jours, belle enfant, je t’adore,
Je n’aime que toi seule !

Maguelonne, riant.

Je n’aime que toi seule ! Et vingt autres encore !
Monsieur, vous m’avez l’air d’un libertin parfait !

Le Roi, riant aussi.

Oui, j’ai fait le malheur de plus d’une, en effet.
C’est vrai, je suis un monstre !

Maguelonne.

C’est vrai, je suis un monstre ! Oh ! le fat !

Le Roi.

C’est vrai, je suis un monstre ! Oh ! le fat ! Je t’assure.
Çà, tu m’as ce matin mené dans ta masure,
Méchante hôtellerie où l’on dîne fort mal
Avec du vin que fait ton frère, un animal
Fort laid, et qui doit être un drôle bien farouche
D’oser montrer son mufle à côté de ta bouche.
C’est égal, je prétends y passer cette nuit.